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Libération
Interview

«Servier, une entreprise qui développe des méthodes perverses»

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Gérard Bapt, député PS et cardiologue, a présidé la mission d’information parlementaire sur le Mediator :
publié le 7 septembre 2011 à 0h00
(mis à jour le 7 septembre 2011 à 7h31)

Député PS et cardiologue, Gérard Bapt a présidé la mission d'information parlementaire sur le Mediator. Il réagit à nos révélations d'hier sur les mensonges de Servier et au nouveau rapport européen accusant le laboratoire (lire ci-dessus), que Libération lui a fait lire.

Etes-vous satisfait de la probable mise en examen de Servier ?

Il est logique que les juges tirent les conséquences de la tromperie de Servier. Surtout après les témoignages de deux anciens chercheurs du laboratoire confirmant que Servier a sciemment présenté son anorexigène comme anti-diabétique pour servir ses intérêts commerciaux. C’est d’une extrême gravité, car Servier a mis en jeu la vie des patients, avec au final des centaines de victimes.

Servier répète pourtant que le Mediator n’est pas un coupe-faim…

Ce déni est dans la culture de l'entreprise et concerne également les victimes. Jacques Servier estime que le Mediator n'a fait que trois morts… Le déni est d'autant plus logique que Servier sait que la survie du groupe est en jeu. Lorsque je l'ai interrogé sur les études d'un de ses chercheurs démontrant l'effet anorexigène du Mediator, Jacques Servier nous a répondu : «Ce n'est pas parce que c'est une étude que j'ai financée que je la reconnais.»

Comment jugez-vous les failles de la pharmacovigilance de Servier sur le Protelos, pointées par l’Agence européenne des médicaments (EMA) ?

Les conclusions du rapport sont très graves.