C'est une grande maison bourgeoise, au sud de La Courneuve. Dans le salon au parquet de chêne, quatre jeunes filles discutent autour d'une table. «Pourquoi il y a des crânes ?», s'interroge l'une d'elle en montrant la Une du Libération de ce lundi posé devant elle. «Gé-no-ci-de rwan-dais, déchiffre l'autre. Ça parle du Rwanda».
Elles se taisent soudain, songeuses. Que leur évoque cette image? Peut-être les souvenirs d'un autre conflit, dans les pays d'Afrique qu'elles ont respectivement quittés il y a quelques mois pour la France. Ramadou, Mamie, Laure et Myriam n'en parlent pas souvent.
Chaque année, le foyer d'accueil d'urgence de La Courneuve accueille une centaine d'adolescents étrangers isolés, qu'ils fuient la misère ou la guerre. La Seine-Saint-Denis prenait jusque là le dispositif en charge. Mais elle n'en a plus les moyens, selon Claude Bartolone. Le président du Conseil général a décidé que le département n'accueillerait plus de nouveaux mineurs isolés à compter du 1er septembre, tant que le gouvernement ne ferait pas un geste. Et depuis dix jours, le téléphone du foyer