Serge Hefez est psychiatre et psychanalyste. Il est responsable de l’unité de thérapie familiale dans le service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à la Salpêtrière (Paris). Il a analysé la prestation de Dominique Strauss-Kahn, hier.
Quelle impression vous a fait DSK ? Pensez-vous que c’est un homme déprimé qui est apparu à l’écran ?
Non, pas déprimé. Je l’ai trouvé plutôt en colère, et la colère c’est un signe de combativité. Ça veut dire que l’homme a encore de la ressource et qu’il mobilise son énergie à sa réhabilitation.
Dominique Strauss-Kahn a dit qu’il avait commis une faute, vis-à-vis de sa femme, de ses enfants, des Français. Qu’avez-vous pensé de cet exercice de contrition ?
C'est à ce moment-là que je l'ai trouvé le moins convaincant. Car DSK a commencé par nous dire qu'il n'y a eu «ni violence, ni contrainte, ni agression, ni relation tarifée.» Puis il dit : j'ai commis une faute, pardonnez-moi. Mais s'il n'y a eu aucune contrainte, où est la faute ? Personne ne croit à son exercice de contrition. Chacun sait que DSK est un séducteur, qu'il aime les femmes, qu'il a une vie sexuelle intense, qu'il a des relations extra conjugales et que son épouse est au courant. Tromper sa femme dans ce couple, ce n'est pas une faute.
De quelle faute parle-t-il alors ?
La faute dont il parle c’est par rapport à une certaine bienséance. Cela ne lui correspond pas. DSK aurait pu être plus moderne et assumer sa personnalité de séducteur. Cela aurait été beaucoup plus crédible. Les Français ne sont pas des Américains. Ils sont tout à fait capables de tolérer quelqu’un qui a une vie sexuelle intense tant qu’il n’y a pas d’abus de pouvoir et de violence.
Qu’avez-vous pensé de sa réponse sur l’acte manqué : il aurait trébuché car il ne voulait pas vraiment se présenter à la présidentielle ?
Quand Claire Chazal lui pose la question, il répond «je ne crois pas à cette thèse». C'est un langage