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Libération
Récit

17 morts et un coupable introuvable

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Il y a six ans, un feu criminel ravageait le 20, boulevard Vincent-Auriol, à Paris. Hier, face aux lampistes, les familles témoignaient.
publié le 23 septembre 2011 à 0h00

Oussi Touré raconte : «Le 25 août 2005, j'ai déposé mon fils chez ses cousins. Mamadou m'a alors dit : "Papa…tu es le meilleur papa du monde et maman, la meilleure maman." Je lui ai demandé pourquoi il me disait ça. "Cela fait longtemps que je voulais vous le dire."» Oussi Touré n'a jamais revu son fils de 5 ans dévoré, avec huit autres enfants, par les flammes dans une chambre du cinquième étage - «l'étage des petits» - du boulevard Vincent-Auriol. Hier, pendant deux heures et demie d'une éprouvante intensité, douze pères, mères, époux, frères ou sœurs ont raconté cette fatale nuit du 25 au 26 août 2005, leurs conditions de vie avant le drame, et parfois tout simplement leur existence, des bribes de souvenirs décrits avec des mots venus de très loin, répétés mille fois.

Dignes depuis le début de l'affaire, même lors du fiasco judiciaire de mars dernier, les proches des victimes l'ont encore été hier, mais sans empêcher les digues de voler parfois en éclats et de faire briller bien des yeux dans la salle. «Nous comprenons parfaitement», a inlassablement répété, impuissante, la présidente du tribunal. On la plaint déjà lorsqu'il lui faudra expliquer, dans quelques semaines, qu'elle condamne les lampistes - la société gestionnaire de l'immeuble et un couple d'entrepreneurs, qui hier inspectaient de près le bout de leurs chaussures - mais que très probablement, puisque les experts ont conclu sans ambiguïté à l'origine criminelle de l'incendie, quelqu'u