En l’espace de quatre mois, d’avril à août 2005, trois immeubles parisiens sont ravagés par des incendies. Bilan : 49 morts, dont 29 enfants. Les victimes font quasiment toutes partie de familles africaines en situation précaire. Retour sur les lieux.
20, boulevard Vincent-Auriol XIIIe arrondissement
Des habitués des lieux ne reconnaîtraient plus l'endroit aujourd'hui. Le bâtiment qui avait brûlé comme un feu de paille n'existe plus. «Il a été rasé», racontent les gens du quartier. «Ils ont tout démoli, y compris les fondations. Ils ont creusé des parkings en sous-sol et tout reconstruit.» A la place, un immeuble HLM neuf a été livré début 2010. Avec une crèche au rez-de-chaussée. «On tenait beaucoup à la mettre à cet endroit, souligne Jérôme Coumet, maire (PS) du XIIIe arrondissement. C'était une façon de montrer que la vie reprenait ses droits.»
Aux étages, on compte 27 appartements. Aucune des familles logeant ici avant l’incendie n’a souhaité y revenir après la reconstruction. Tous les habitants sont des nouveaux venus qui vivent sur un site chargé d’une histoire lourde qui n’est pas la leur.
«Quand on nous a attribué notre logement, on n’a même pas fait le rapprochement avec l’incendie de Vincent-Auriol, raconte une locataire. On a su après.» Et pour cause : l’entrée et l’adresse du nouvel immeuble se trouvent au 2, rue Edmond Flamand, la parcelle faisant l’angle avec le boulevard Vincent-Auriol. Il n’y a plus d’accès au «numéro 20». Seule une plaque accrochée à la façade rappell