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Libération
De notre envoyé spécial

A Béziers, un lycée toujours à vif

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Une semaine après l’immolation de l’enseignante, la cité scolaire est sous le choc et cherche des réponses.
publié le 20 octobre 2011 à 0h00

La phrase tourne en boucle dans les têtes : «C'est pour vous…» Mais à qui s'adresse ce «vous» murmuré par Lise Bonnafous, en flammes, jeudi dernier, à l'heure de la récréation dans la cour du lycée Jean-Moulin de Béziers ? Aux profs qu'elle a traités de «cons» avant de mourir ? Aux élèves qu'elle ne supportait plus ? Aux parents, coupables à ses yeux de ne pas jouer leur rôle ? Ou à l'Education nationale, incapable de prendre en compte ses souffrances ? Une semaine après l'immolation de la prof de maths, la communauté scolaire reste anéantie.

Sous le préau, les traces noires des pas de l'enseignante en feu ont été effacées. Pas le choc ressenti. Les cours n'ont toujours pas repris, en dépit des appels du proviseur. Ouvertes à tous, les assemblées générales accueillent dans le réfectoire jusqu'à 300 personnes par jour. Entre volonté de pudeur, crainte de la récupération et envie de grand déballage, la parole peine à se libérer. L'heure est à la culpabilité collective. «Comme Lise, qui traînait son mal-être, on déambule ici - profs, élèves, parents - tels des zombies, ne sachant plus à quoi et à qui nous raccrocher», explique un enseignant d'arts plastiques.

Inédit. Parfois, les accusations fusent. Un prof a failli en venir aux mains avec le proviseur. Les élèves sont tantôt jugés «formidables», tantôt traités «d'animaux» pour «leur indiscipline et leur comportement, toujours excusés par les parents, avec