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Libération
Critique

Désordre dans les troubles mentaux

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Médication, diagnostic… un praticien dénonce les dérives en psychiatrie outre-Atlantique.
par Mathilde Gandy
publié le 5 novembre 2011 à 0h00

TOC, TDHA , TED (troubles obsessionnels compulsifs, de l'attention avec hyperactivité, troubles envahissants du développement)… voilà comment le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM) comprend le psychisme humain. Alors qu'une cinquième version du livre paraîtra aux Etats-Unis en 2012, le Pr Maurice Corcos, psychiatre et psychanalyste français, lance, dans l'Homme selon le DSM, une alerte sur les dangers de ce système où le «psy-machine» étiquette les maladies. Sa lecture est salutaire mais elle donne froid dans le dos, dans l'inventaire des dérives qui ont cours en psychiatrie outre-Atlantique.

Niant l'importance de l'histoire transgénérationnelle, socioculturelle et individuelle du sujet, le DSM fait l'économie de la subjectivité. Son «horreur du fluant» (Bergson) le rend inapte à comprendre l'essence mouvante du psychisme et le chosifie, provoquant des catastrophes thérapeutiques. Le DSM voit dans les problèmes adolescents les germes d'un trouble schizophrénique ou bipolaire, justiciables d'un traitement préventif précoce aux lourds effets secondaires et enfermant le sujet dans une logique morbide. Une aubaine pour certains. Incapables de fournir une compréhension profonde du sujet, les «experts» du DSM sont cependant «très capables sur le plan financier de s'acoquiner à des laboratoires pharmaceutiques», dénonce le Pr Corcos : élargir le champ de la pathologie mentale (354 t