Nouveau coup dur pour Servier. On savait que le laboratoire avait dissimulé que le Mediator était un coupe-faim (Libération du 6 septembre). Des documents révélés par une enquête diffusée ce soir sur Arte (1), et que Libération s'est procurés, montrent qu'il aurait également trompé les autorités sur l'efficacité du médicament. De quoi intéresser les juges d'instruction.
Le Mediator est autorisé en juillet 1974 pour traiter l'excès de sucre (diabète) et de graisse (hypertriglycéridémie). L'année suivante, Servier demande au Dr Catherine Figarella, chercheuse à l'Inserm à Marseille, de réaliser une étude. Elle doit confirmer que le Mediator neutralise une enzyme du pancréas, la lipase, qui provoque le stockage des graisses dans l'organisme.
Manque de chance pour Servier, l'étude conclut que le Mediator «n'a aucun effet inhibiteur sur la lipase pancréatique». «C'était tellement contraire à ce qu'ils voulaient […] que j'étais un petit peu ennuyée, et donc j'ai multiplié les expériences pour confirmer ce résultat», témoigne Catherine Figarella sur Arte.
Elle envoie son étude à Servier le 2 décembre 1975, dix mois avant la commercialisation du Mediator. Pas de réaction. Après deux relances, le labo lui répond enfin le 3 mars 1976 : «Il est certain que nous avons été décontenancés par les résultats de votre travail, et vos arguments sont évidemment très convaincants», reconnaît le docteur B. Riveline, du département recherche cli