De loin, le tableau est étrange. Ça ressemblerait presque à une scène de film surréaliste. Dans un gymnase, d’imposants fauteuils électriques s’alignent sur fond de musique indienne. Tournent autour de deux danseuses qui enchaînent des mouvements avec leurs bras. Viennent les encercler, les frôler. Les machines semblent programmées pour se coordonner et s’aligner au millimètre.
Depuis le mois de mars, un vendredi sur deux, cinq résidents de la Maison d'accueil spécialisée de Nanteau-sur-Lunain (Seine-et-Marne) ont rendez-vous avec trois de leurs aides soignantes pour leur cours de danse. Ici, pas d'échauffements, ni d'entrechats : les participants de cet atelier sont tous lourdement handicapés et contrôlent leur fauteuil bien souvent à l'aide de leur seul doigt valide. Pourtant, pendant une heure et demie, Aude, Steve, Gregory, Mohammed, Julie et Djamila corrigent leurs déplacements et peaufinent leurs chorégraphies. Comme dans un cours de danse classique, la professeure, Gladys Foggea, elle-même paralysée des jambes, interrompt la musique pour replacer ses danseurs et en recadrer certains. «Pas la peine d'aller trop vite : l'essentiel est d'être ensemble. On reprend : "5, 6, 7, 8 !"»
Plaisir. Bouger un corps qui ne répond plus, l'associer aux pas des autres ? C'est le principe même de la danse inclusive, aussi appelée danse intégrée, qui mêle dans les mêmes chorégraphies aveugles, sourds, amputés, polyhandicapés à des danseurs valides. Sans aucun obj