Il y a un paquet de dattes, des fleurs et des bougies. Des petits mots aussi - «Repose en paix»,«On t'aime» -, scotchés sur le rideau tiré de l'ex-café du passage qui va du parking Auriacombe jusqu'à la place Abbal dans le quartier du Mirail-Reynerie à Toulouse. C'est là, vers midi, que Samir Chorfi, 23 ans, est tombé mardi, atteint de quinze balles d'une arme automatique tirées par un autre jeune. La victime était sortie de prison le 19 octobre après un an de détention et purgeait la fin de sa peine équipé d'un bracelet électronique. Samedi, environ 500 personnes ont participé à une marche silencieuse à la Reynerie en hommage à Samir. La mère du jeune homme avait appelé à ce rassemblement pour dire «Plus jamais ça, plus jamais» : «J'ai perdu mon fils et je ne l'accepte pas.»
Cartons.«Le quartier se dégrade. Il n'y manquait que des cadavres pour qu'il ressemble à un ghetto. Ça y est, on y est», résume Ryad, ex-animateur social parti vivre ailleurs en ville et qui jure qu'il ne scolariserait jamais là ses deux enfants. «Ça va pas, ça va pas», réagissent au contraire les chalands du marché qui n'entendent pas quitter ce quartier qu'ils aiment. Un homme vient respectueusement prendre une datte sur le mémorial improvisé au milieu des cartons. Les amis de Samir passent y dire que «c'est pas normal», les mères de famille citent ce fait divers comme l'exemple de l'avenir qu'elles ne veulent pas pour les enfants.
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