Je m’appelle Eros Sana. Même si ce nom peut laisser à penser que je viens du pays de Berlusconi ou de celui de Papandréou, je suis français. Depuis des années, je suis militant dans le Val-d’Oise ainsi qu’écologiste convaincu. Fort de ces convictions, je viens de créer une association. Très vite, le Crédit mutuel nous propose d’ouvrir un compte. Je saisis l’occasion et obtiens un rendez-vous.
A 10 heures, je suis le tout premier client face à la grille de l'agence. Avec le conseiller financier, tout commence bien : je lui présente les papiers de l'association, lui brosse nos projets et perspectives. Puis je lui tends mon passeport pour qu'il en fasse des photocopies. Je lui demande alors de faire attention, car il est en mauvais état après un séjour pluvieux en Colombie. Il se lève, me laissant seul dans son bureau entrouvert. Les minutes s'égrènent. Puis j'entends cette phrase : «C'est l'exemple typique de passeport falsifié ; il faut le faire circuler à titre d'exemple.» Mon sang ne fait qu'un tour. Ah oui ! Je dois vous préciser : je suis français d'origine congolaise. Et donc noir.
Après de longues minutes, le conseiller revient. Il n’ose plus me regarder dans les yeux et me demande mon numéro, avant de m’annoncer que l’on me recontactera. Intérieurement, je bouillonne. Mais je tente de lui faire calmement remarquer qu’il ne m’a donné aucune indication sur les prestations proposées par le Crédit mutuel. Il se contente de me tendre une série de prospectus. Là, je l