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Libération
TRIBUNE

Maintenant, le Crif liste les juifs !

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par David KESSLER, Ancien président du Mouvement juif libéral de France (MJLF)
publié le 28 novembre 2011 à 0h00

L’application commercialisée par Apple «juif ou non juif», qui permettait d’identifier la religion de personnalités de différents milieux, a suscité un tel tollé qu’Apple l’a retirée. On se demande quelle mouche a piqué Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), d’avoir prolongé en quelque sorte le travail de «juif ou non juif» en désignant nommément comme juifs, le 17 novembre, les députés socialistes concernés par l’accord Parti socialiste Europe Ecologie-les Verts !

Outre que la compétence du président du Crif pour commenter un accord politique entre deux formations est totalement étrangère aux missions de cet organisme, le texte signé par Richard Prasquier laisse pantois. Les députés touchés seraient juifs : on ne le sait que par leur patronyme (sic) qui permettent de les citer nommément sans s’interroger sur le fait qu’ils peuvent ou non, à leur choix, se revendiquer tels. S’il a la prudence de se garder de l’accusation directe d’antisémitisme, c’est pour se faire le relais (malgré lui, donc !) de cette accusation et souligner qu’un tel accord priverait l’Assemblée nationale d’hommes et de femmes au passé spécifique.

On pourrait en rester là si cet argumentaire n'était à la fois consternant et détestable. Pour qui a la moindre connaissance de la vie politique française, l'engagement de tous ceux qui y participent, à droite comme à gauche, s'est toujours fait au-delà des préoccupations communautaires. Ce sont les antisém