Le professeur Michel Kazatchkine est directeur du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui est le principal bailleur de fonds de la planète. Aujourd’hui, l’homme ne cache ni ses craintes ni sa déception. Pour la première fois depuis sa création, en 2002, le fonds a décidé de ne plus financer de nouveaux programmes.
A Accra (Ghana) la semaine dernière, le conseil d’administration du fonds mondial a décidé de ne pas lancer de nouveaux programmes. Est-ce le début de la fin du fonds ?
C'est une décision grave, la première de ce type dans l'histoire du fonds. Pour autant, cela ne veut pas dire que le fonds est en faillite ou à l'arrêt. Cela veut dire que l'on ne peut pas s'engager plus dans l'avenir. Mais n'oublions qu'à ce jour, le fonds mondial a engagé 22,4 milliards de dollars [16,7 milliards d'euros, ndlr] dans 150 pays.
Mais que veut dire «ne plus pouvoir s’engager plus dans l’avenir» ?
Les années précédentes, anticipant les dons et les subventions des Etats, nous avons lancé des séries de programmes. A la réunion de New York en 2010, nous comptions sur un total à venir entre 13 et 20 milliards de dollars. On n’a eu finalement que 11,7 milliards de dollars, dont 9 correspondent à la simple poursuite des programmes précédents. Avant Accra, on partait déjà extrêmement handicapés pour le financement des nouveaux programmes de 2011-2013.
Que s’est-il passé, alors ?
Nous avons dû prendre une décision très difficile. Avec nos nouvelles estimations de recueil de fonds, alors que l’on pensait pouvoir tabler sur 11,7 milliards de dollars, on ne pourra sans doute compter que sur 9,5 milliards.
Pourquoi ce recul ?
La crise. Exemple : l’Espagne a arrêté toute son aide. Les Etats-Unis devraient donner 1 milliard de dollars de m