S’il est un constat que la gauche et la droite partagent, c’est bien la gravité du décrochage scolaire. La gauche veut en faire une priorité. La droite assure avoir déjà agi et faire mieux la prochaine fois. Mais tous savent que le problème est complexe, symptôme d’un système qui laisse chaque année des dizaines de milliers d’élèves au bord de la route.
Depuis les années 90, des chercheurs s'inquiètent de ces bataillons de «décrocheurs» qui quittent l'école sans diplôme et qui, faute d'avoir la moindre qualification dans un pays où le diplôme est roi, iront grossir les rangs des chômeurs et des précaires. Mais sur le plan politique, ça ne bouge guère. On ne sait toujours pas combien ils sont. Ces dernières années, on retenait le chiffre de 150 000. Mais Luc Chatel parle désormais de 223 000 jeunes sortis du système éducatif sans diplôme cette année, entre juin et octobre. Selon le ministre de l'Education, cela «représente environ 5% des jeunes de plus de 16 ans scolarisés en lycées [généraux] ou en lycées professionnels».
Par ailleurs, précise-t-il, un quart de ces décrocheurs sont pris en charge par les missions locales, tandis que les autres - 160 000 - sont «perdus de vue». Le ministre a obtenu ce chiffre grâce à un nouveau dispositif de repérage des décrocheurs appelé SIEI (Système interministériel d'échanges d'informations), lancé en janvier. Il s'agit pour l'essentiel de croiser différentes bases de données - celles de l'Education nationale qui doit sui