Menu
Libération
Reportage

A Brest, Jean-Claude Basset, emporté par les commérages

Article réservé aux abonnés
Le quartier de Bellevue est divisé après la mort d’un retraité soupçonné à tort de pédophilie, victime d’une crise cardiaque lors de son arrestation.
publié le 3 décembre 2011 à 0h00

Le petit mot, écrit en lettres bleues sur une feuille anonyme, est scotché dans l'entrée du hall d'immeuble, au-dessus de quelques fleurs glissées dans un verre d'eau. «Mort pour avoir voulu aider une enfant, assassiné par la peur et l'intolérance, repose en paix Jean-Claude.»

C’est là que Jean-Claude Basset, un marginal de 65 ans, a été pris à partie lundi en fin d’après-midi par plusieurs mères de famille qui croyaient à tort avoir affaire à un pédophile. C’est aussi là que ce retraité de l’arsenal de Brest, originaire de Toulon et menant une vie solitaire, est mort, peu après, d’une crise cardiaque attribuée au stress, après l’intervention de la police venue le menotter sur la foi de témoignages prétendant qu’il avait tenté d’enlever une petite fille.

«Étiquette». Dans cet immeuble du quartier de Bellevue à Brest, un secteur populaire agrémenté de carrés de pelouse et de quelques arbres, dans lequel cohabitent plutôt paisiblement des ouvriers, des retraités, des étudiants et des chômeurs, la population est partagée entre tristesse et incompréhension. Au sixième étage du bâtiment où vivait Jean-Claude Basset, un jeune homme avoue son écœurement. «Dans le quartier, c'est commérages et compagnie, et on n'a pas cherché à savoir qui était cet homme, se désole-t-il. Il a simplement été stigmatisé parce qu'il avait une attitude atypique, en dehors de la norme. C'est quelqu'un qui avait des problèmes d'élocution, qui parlait fort, mais qui n'é