Menu
Libération
EDITORIAL

Balles

Article réservé aux abonnés
publié le 5 décembre 2011 à 0h00

Marseille est-il victime de son folklore et de ses mythologies ? Borsalino et les frères Guérini (sans rapport avec le président socialiste des Bouches-du-Rhône et son frangin), l’auteur de polars Jean-Claude Izzo et Jacky le Mat. C’est au Vieux-Port que le commissaire Maigret commence sa carrière, et c’est à Marseille que Blaise Cendrars découvre les voyous au grand cœur. La semaine dernière, on est loin de ces légendes dorées. Les comptes se règlent à la kalachnikov, ingrédient plus létal que romantique, et ce sont les fameux quartiers Nord qui servent de décors aux balles de guerre. Il ne faut pas pour autant résumer la cité phocéenne à ces exécutions spectaculaires. Marseille est une ville grande et pauvre, où les «quartiers» touchent le centre, un port ouvert sur le monde, et les statistiques ne montrent pas une délinquance plus grave qu’à Paris et sa banlieue. Les voyous sont sans doute très jeunes et très violents, mais il reste à démontrer que le «milieu à l’ancienne» fût plus respectueux de la vie humaine. Ce qui ne veut pas dire que rien ne peut être fait. Les quartiers Nord ont le droit de vivre en paix tout comme le riche Prado. Les hommes politiques locaux, qui n’ont pas toujours montré l’exemple de la probité et de l’intégrité, ont leur part de responsabilité. Quant à l’Elysée, en mal d’impossibles résultats immédiats, il a instrumentalisé la ville en faisant valser les préfets. Preuve qu’à Marseille comme ailleurs, la sécurité n’est pas seulement une affaire d