Chaque hiver, le mulot, pourtant des champs, s’invite à la maison. Les miens s’établissent à l’arrière de la cheminée et, par des chemins d’eux seuls connus, grimpent vers le bol empli de noix qu’ils pillent sans hésiter. Leurs mœurs étant nocturnes, je les entends dès la nuit tombée s’activer sur les coques. Les sacripants chicotent, ce qui est charmant, et je me demande ce qu’ils racontent, mais c’est juste avant le petit jour qu’ils me font grincer la cervelle avec les scrotch-scrotch de leurs dents, acharnées à atteindre cet autre cerveau du fruit, l’amande disposée en cerneaux.
Estimant sûrement que ce ne sont pas trophées de ses chasses, intenses et productives en cette saison, mon chat ne dit mot. Quelle belle âme ! Tout juste écoute-t-il leurs agapes et sarabandes. Ils sont pourtant à croquer. Le poil roux, châtain parfois, d’où luisent des soies brunes, le ventre crème, la queue bien plus longue que le volume le précédant, ils sont montés sur de sveltes pattes roses munies de myrmidones mais solides griffes courbes. D’immenses oreilles en rondes capuches sont ouvertes sur le monde, si fines que la lumière s’y baigne, et leurs yeux, tels deux boutons d’agate enchâssés sur l’adorable museau, vous questionnent d’un air si poignant qu’il est inconcevable d’imaginer les contraindre plus longtemps.
Car, voyez-vous, étant, d’une part, pour les unions extra-familiales et, d’autre part, tout aussi favorable aux existences sauvages, loin des tracas liés aux taxations foncières,