Menu
Libération
EDITORIAL

Intimité

Article réservé aux abonnés
publié le 21 décembre 2011 à 0h00

L'affaire des prothèses mammaires défectueuses PIP est l'occasion de s'interroger sur l'intrusion de l'intimité dans les affaires de l'Etat. Et sur ces frontières mouvantes entre vie privée et vie publique, liberté individuelle et responsabilité collective. On ne parle pas là des femmes qui ont, après un cancer, eu besoin de chirurgie réparatrice. Mais de celles, les plus nombreuses, qui ont choisi de se faire opérer pour des raisons esthétiques. Quoi de plus intime que le rapport d'une femme à son corps ? Quoi de plus intime que le rapport entre la taille d'une poitrine et la sexualité dans la tête d'une femme ou d'un homme ? Mais les soupçons de liens entre les prothèses PIP et des risques de pathologies, notamment de cancers, font passer de la chambre à coucher au guichet de la sécurité sociale. De l'intimité de chacun à la définition du rôle de l'Etat. Alors que l'époque transcende la liberté individuelle, que l'air du temps est aux vaches maigres dans les administrations publiques, il n'est pas vain de souligner que les structures de veille, dans cette affaire, ont prouvé leur efficacité. L'Etat préventif s'apprête aussi, comme Libération le révélait hier, à prendre ses responsabilités en recommandant aux femmes concernées de se faire «explanter» les prothèses sans frais. Nul doute que la question du remboursement de nouvelles implantations se posera et, partant, la fonction réparatrice de l'Etat. Et que les apôtres de la liberté individuelle absolue seront les