Parmi les merveilles fugaces que l'on peut admirer à Paris, aucune n'est aussi éblouissante que «Bêtes off», l'exposition d'art contemporain installée dans la salle des gens d'armes de la Conciergerie jusqu'au 11 mars. Comme il y est question d'animaux, on s'attend à une dénonciation artistique des conditions misérables d'existence que nous leur réservons. Or, tout en étant profondément politique, «Bêtes off» prend le parfait contre-pied d'une telle démarche. Elle choisit de susciter des désirs et des émerveillements en nous faisant rêver d'un monde fondé sur une nouvelle alliance entre les animaux et nous.
Dans un espace à l’architecture arborescente transformé en une forêt fantastique et silencieuse, on voit des créatures imaginaires qui empruntent des formes à l’homme, à la bête et à la plante, qui marient le vivant et le mort, le visible et l’invisible. On y retrouve une femme-arbre aux branches faites de cadavres, un jardin d’idiots composé de créatures végétales disposées sur une table qui nous regardent et attendent on ne sait quoi de nous. On y découvre des êtres qui habitent la pierre, la chair, le tissu, le tronc des arbres, le béton dans des agencements poétiques et mystérieux.
Une vidéo nous montre des canaris qui marchent sur les cordes d’un instrument et, dans un tableau, un oiseau qui, par sa seule présence, fracture un espace comme s’il était une porte. Un monument pour un chien qui ressemble à un château bâti par un plombier psychotique et baroque y t