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Libération

Panache un brin bestial

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publié le 7 janvier 2012 à 0h00

Ça va chauffer dans les branchages ! Les premiers mois de l’année sont ceux où l’écureuil fait sa cour. Notre bandit roux a trouvé noisette à son goût, une charmante nubile à l’œil naïf que deux pinceaux de poils ajourés ponctuent en ses oreilles, telles deux flammes nourries de bois sec. Il va lui faire le coup du disque brûlant qui consiste à l’hypnotiser de son panache tenu à l’horizontal, lui montrer l’ample velours de son appendice tout en lui roucoulant sa sérénade.

Robert Hainard, qui fut aux mammifères ce que Fabre fut aux insectes, nous dit - non sans déplaisir, tant nos voisins aiment à nous adresser plus souvent des marrons que des éloges - que la queue de l'écureuil anglais est pâle. Chez nous, elle est de feu ! Et distique, d'où son nom tiré du grec skiouros,«celui qui se met à l'ombre de sa queue», ce qui a de quoi faire rêver plus d'un homme, d'autant qu'elle lui sert de gouvernail quand il crapahute dans les cimes, et de parachute quand il se jette dans les airs, et parfois le vide, si d'aventure une martre, un vison, une fouine, un rapace, s'en prennent à son échine.

Ce brigand des hautes feuillées passe son temps à faire l’inventaire des noisetiers et noyers de l’humble domaine du Moulin. Septembre venu, il n’attend pas que les fruits chutent, il les emporte, et si, par malheur, vous le surprenez dans sa récolte, son marché serré sur le cœur, il vous insulte vertement, tape des postérieurs, et vous dit carrément qu’ici est son territoire et