Ça ne ressemble pas vraiment à une fromagerie. A l'intérieur, le propriétaire écoute, selon l'humeur, Tom Waits, Jean-Louis Murat ou Bashung. A gauche, il y a bien des frigos avec les fameux produits laitiers. A droite, l'épicerie. Sur la table, au milieu d'autres bouquins, «l'œuvre» du fromager, Journal d'un enragé un peu dérangé et très con, sorti en fin d'été dernier. Au mur, une affiche : «In Tartiflette, We Trust.»
Fromager, Jean-Daniel Vivès n'en est pas vraiment un. Journaliste de formation, précaire à France 3 avec qui il est en procès aux prud'hommes pour «400 CDD en neuf ans», il a ouvert sa boutique Fromages et Ramage, aux abords de Montmartre, à Paris, pour ne pas devenir un «vieux con aigri». Il a écrit son livre, préfacé par le réalisateur Thierry Jousse et postfacé par le journaliste d'investigation Denis Robert, pour, dit-il, «ne pas finir en hôpital psychiatrique» et pour raconter les coulisses de son docu-fiction Sarkozy et Moi. Il s'y met en scène, «jeune homme atteint d'une sarkozyte aiguë qui le rend fou». Il démonte l'intox présidentielle sur la mendicité agressive, les travailleuses du sexe, l'immigration, la délinquance ou l'affaire Bouna et Zied, qui a mis le feu aux banlieues. Aucune chaîne ne le diffuse mais le film est plébiscité sur le Net avec 120 000 vues, avant la présidentielle de 2007. Le journaliste reçoit des compliments de ses pairs, puis rien.Il s'étrangle : «Pourquoi lorsqu'un Ber