Il allume une cigarette, s'affale dans son canapé et dit en vous regardant dans les yeux : «Je ne regarde jamais dans les yeux. Parce que je ne veux pas qu'on me perce.» Voici «l'enfant». Celui dont on parle à l'impersonnel. Il a pourtant un joli prénom, Gabriel, mais sa famille semble l'avoir oublié. Autour de Gabriel, on parle de «mensonge», d'«influence», de «cet enfant qui dit vrai», de «cet enfant qui a tout inventé». Mais on ne parle pas de Gabriel.
Gabriel Iacono a 20 ans. Lorsqu'il était âgé de 9 ans, il a dit que son grand-père, Christian Iacono, maire (UMP) de Vence (Alpes-Maritimes), l'avait violé. Il a décrit des sodomies. Ont suivi onze années d'enfer judiciaire et de conflit familial entre deux «clans». Le grand-père a été condamné à deux reprises à neuf ans de prison. Au mois de mai dernier, Gabriel a dit que tout était faux.
On n'est pas la première journaliste à s'asseoir dans son petit studio de Nice. Depuis sa «rétractation», comme il dit, c'est un défilé. Le but : obtenir la suspension de peine du grand-père, réincarcéré depuis lundi après des rebondissements procéduraux. La commission de révision des affaires pénales doit examiner la question lundi prochain.
A écouter Gabriel, on perd parfois de vue cet objectif. Pas de larmes, peu de regrets, des poses cyniques, une ambiguïté délibérée : on est loin du cliché de la culpabilité. Une collègue est repartie outrée : «Elle m'a dit que j