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Interview

«Politiquement, les classes moyennes ont un rôle d’arbitre qu’elles n’ont jamais eu avant»

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Éric Maurin Economiste, directeur d’études à l’EHESS
publié le 12 janvier 2012 à 0h00

Cosigné par l'économiste Eric Maurin et la sociologue Dominique Goux, et consacré à la question clé mais méconnue des classes moyennes, le dernier petit volume de la République des Idées s'annonce comme l'une des contributions éditoriales essentielles à la campagne présidentielle. A la veille d'une rencontre de chercheurs sur l'avenir des classes moyennes (lire encadré), Eric Maurin livre les principaux éléments de son analyse en avant-première pour Libération.

La notion de classes moyennes semble floue, comment peut-on la définir ?

Dans son acception sociologique la plus courante, le terme de classes moyennes désigne la population occupant une position intermédiaire entre le salariat d’exécution (ouvriers, employés) et les catégories supérieures (cadres, chefs d’entreprise). On y retrouve aujourd’hui l’ensemble de ce que l’Insee nomme les «professions intermédiaires» (techniciens, représentants de commerce, chargés de clientèle, cadres B de la fonction publique, agents de maîtrise…) auxquelles on peut ajouter la «petite bourgeoisie» traditionnelle, artisans ou commerçants, soit un cœur de classes moyennes représentant 30 % de la population active.

Ces classes moyennes sont très diverses, qu’ont-elles de commun ?

Les membres des classes moyennes sont nettement au-dessus des ouvriers et des employés en termes de diplômes, de revenus, de patrimoine ou de quartiers de résidence. Plus de la moitié d’entre eux sont diplômés du supérieur contre une toute petite minorité des salariés d’exécution par exemple, ce qui se traduit par des différences de revenus de l’ordre de 40 %. En cela, les classes moyen