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Libération
Éditorial

L’enfant, sujet majeur

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publié le 14 janvier 2012 à 0h00

«Quand la protection de l'enfance coïncide avec la crise du personnel, faut plus comprendre, faut prier !» Clair, net, à l'os. Normal, c'est du Michel Audiard, dialoguiste de génie, au mieux de sa forme dans les Tontons flingueurs. Le film de Georges Lautner date de 1963, preuve que sur la question de l'enfance, on n'a pas fait de miracles. Pourtant, c'est peu dire des mineurs qu'ils occupent une place immense dans l'actualité. Par conséquent, dans les discours politiques. Mais dans les actes ? Du bricolage, du n'importe quoi, de toute façon cette classe d'âge ne vote pas. Kundera se berce d'utopie avec ce qu'il appelle «l'infantocratie», soit «l'idéal de l'enfance imposé à l'humanité». L'exact contraire de Cocteau selon qui «l'enfance sait ce qu'elle veut. Elle veut sortir de l'enfance». Les deux ont sans doute raison, et l'on penchera pour l'une ou l'autre option, selon que l'enfance fut douce ou subie.

Au lendemain de la guerre, la France a emprunté aux idées de la Résistance les textes les plus progressistes pour les mineurs, les fameuses Ordonnances de 1945. Rognés comme jamais aujourd’hui. En 1989, une Convention internationale de l’ONU a défini la liste des droits de l’enfant, sur le modèle de la Déclaration des droits de l’homme. Qui s’en soucie ? Sous nos latitudes, on dit «l’enfant-roi». Soit, mais à condition qu’il soit bien né, et surtout pas étranger réfugié chez nous. Car alors, l’enfant compte les jours, la peur au v