Au cœur de la presqu’île, née des déjections d’une ancienne marbrerie, était jadis un terrier abandonné, cerclé par le lierre qui colonise l’endroit. Lorsqu’à l’approche de l’hiver je vis une large coulée blonde d’un sable farineux, je sus qu’il était de nouveau habité, et cela tombait bien car depuis nos plus fameux comptoirs de l’Oise, les chasseurs claironnaient leur joie d’une campagne de gazage de terriers à venir. Ah ! mais quelle infamie, comment pouvait-on, alors que nous allions atteindre l’an 2010, utiliser de si vils et inhumains procédés ? Les âmes ont parfois des creux, des blancs, à des profondeurs que les terriers de renard, pourtant remarquables en leurs complexes galeries, n’ont pas.
Les nouveaux habitants avaient également mis à jour une sortie de secours dont la coulée coiffée d’une souche ensorcelée de lierres se lisait dans la pente de la rive sud. Ainsi au chaud, au calme, dans «ma» presqu’île, je les savais pour l’hiver à l’abri des chasseurs, les goupils, cela est bien connu, étant plus malins qu’eux. Et c’est bien ce qu’il se passa, d’autant que, chaque semaine, les restes d’un poulet rôti dominical leur étaient déposés sur plaque de marbre, histoire qu’ils n’aillent pas trop lorgner vers le poulailler de notre chère voisine Zohra, fournisseuse en chef d’œufs purs et autres douceurs maraîchères et fraternelles. Sans jamais rien en voir, je flairais bien l’ébauche de grands projets dans le ventre de la presqu’île, et me mis à doubler les plats de volai