Soixante-treize députés socialistes viennent de déposer une proposition de loi visant à faciliter le changement de sexe à l’état civil pour les personnes transsexuelles. Ils s’appuient sur une décision du Conseil de l’Europe d’avril 2010 qui préconise qu’aucune procédure médicale de stérilisation, réassignation de sexe, ni aucun traitement hormonal ne sont désormais requis pour la mention du genre d’une personne dans les documents officiels.
Si cette proposition de loi est adoptée, le changement du sexe à l’état civil ne sera plus la confirmation d’une mutation physique lente, longue, coûteuse, normative et douloureuse mais l’affirmation d’une conviction personnelle. Ce changement rendra la vie de la minorité transsexuelle plus douce qu’elle ne l’est aujourd’hui. Elle n’aura plus à subir la plus grande source de violence institutionnelle dont elle est toujours victime : celle qui oblige à se soumettre à des interventions chirurgicales et hormonales pour avoir une vie sociale et professionnelle normale. Ce projet est si révolutionnaire qu’on ne saurait l’interpréter comme une simple grâce que la majorité des gens «normaux» s’apprêterait à accorder à ceux qui subissent ce trouble de l’identité sexuée.
La rupture qu’il crée semble consacrer l’avènement de rapports politiques nouveaux entre l’Etat et le corps des individus. En effet, la division juridique des sexes qui, depuis le droit romain, a comme support la forme du corps, s’appuierait désormais sur l’esprit. Comme si le corp