Son visage rond et ses boucles élastiques la disent tout juste sortie de l'enfance. Mais la détermination qui habite son regard raconte un parcours où le répit n'a pas eu son mot à dire. Laure a 14 ans. Elle vient du Congo-Brazzaville. Assise dans une pièce claire, au premier étage d'un foyer pour mineurs de La Courneuve, en Seine-Saint-Denis, elle confie son histoire d'une voix douce, mêlée de défi. «Je veux me battre pour ma vie», clame cette ado qui n'a que faire de se plaindre. Pas question, non plus, de laisser dire qu'elle n'est pas la bienvenue dans ce pays.
Laure est née à Brazzaville, au début des affrontements entre partisans de Sassou N'Guesso et de Pascal Lissouba. Son père, militaire, survit au conflit. Mais pas à la maladie, qui l'emporte en 2007. Il sera suivi deux ans plus tard par son épouse. «Certains m'ont dit que c'était le sida, souffle la jeune fille. Mais c'est faux ! De toute façon, je n'ai jamais vraiment cherché à savoir.» Enfant unique, Laure est recueillie par un oncle qui boit et fait peu de cas de sa nièce : «Il y avait des jours où il était bien. D'autres où ça n'allait pas. Il me donnait à manger quand ça lui chantait…» Elle n'en dira pas plus.
Quand l'oncle meurt à son tour, Laure trouve refuge chez les parents de sa meilleure amie. Eux la traitent correctement - du moins, au début. Lorsqu'ils quittent le Congo pour l'eldorado français, elle est du voyage. Sans papiers, la famille se fait discrète. Durant hui