Un parking coincé entre l'autoroute A13 et un dépôt de poids lourds, à la sortie des Mureaux (Yvelines). C'est ici que deux syndicalistes d'Unité SGP Police donnent rendez-vous pour évoquer la politique du chiffre : «La hiérarchie est plutôt tendue sur le sujet. Surtout en ce moment. Et puis, il y a trop de "tontons" [balances, ndlr] au centre-ville,ironise l'un d'entre eux. En tout cas, les chiffres, les collègues en ont marre. Ce n'est pas comme ça qu'on voulait faire notre boulot. S'il y a bien une connerie à retenir de Sarko, c'est ça. On passe notre temps à remplir des tableaux de stats qui ne veulent rien dire. D'ailleurs, moi, je finis parfois par écrire n'importe quoi.»
Mise en place par Nicolas Sarkozy lors de son premier passage à Beauvau [2002-2004], la ligne du «tout-répressif» a trouvé rapidement ses limites sur le terrain. «C'est même de la poudre aux yeux, dénonce son acolyte. On fait croire que la police est plus efficace, que la délinquance diminue. En réalité, on privilégie simplement le quantitatif au qualitatif.»
Les deux ont exercé de longues années aux Mureaux et ont connu les pires embrasements de la ville, dans les années 90. Si le ministère de l'Intérieur se félicite du calme retrouvé, celui-ci reste relatif pour les deux syndicalistes : «A votre avis, pourquoi les violences urbaines baissent ? La hiérarchie, en "off", nous dit de ne pas rentrer dans les quartiers pour ne pas enflammer les choses. On res