Eric Charbonnier, expert à la direction Education de l’OCDE, analyse les inégalités qui marquent le système français de l’école à l’université, davantage que dans la plupart des autres pays développés.
L’école française est inégalitaire. A quoi cela se mesure-t-il ?
Toutes les enquêtes le prouvent : en France, les inégalités sociales ont un impact beaucoup plus grand sur la performance des élèves qu’ailleurs. Autrement dit, si vous venez d’un milieu défavorisé, vous avez moins de chance de réussir que dans de nombreux pays. Dans notre dernière étude Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), nous avons constaté qu’avec un meilleur niveau socio-économique, un élève améliore ses résultats scolaires de 51 points en France contre 30 en moyenne dans l’OCDE. On a aussi noté un écart important entre les élèves issus de l’immigration et les «autochtones». Enfin, entre 2000 et 2009, en compréhension de l’écrit, les élèves en échec sont passés de 15% à 20%. Or souvent, ils sont issus de milieux défavorisés.
Il y a aussi des inégalités entre les établissements. Si on regarde les statistiques nationales, on voit que dans les Zones d’éducation prioritaire (ZEP), 75% des parents d’élèves sont ouvriers ou inactifs alors que dans un collège classique, ils sont autour de 35% - 40%. Or, c’est dans les ZEP que se concentre la difficulté scolaire.
Quels sont les pays bons élèves en termes d’équité sociale ?
Parmi ceux qui arrivent à associer qualité du système éducatif et équité sociale, on cite la Finlande - qui a une population bien plus homogène que la nôtre - ou encore le Canada, l’Australie,