La phrase sur l'affiche me frappe de plein fouet, en style «texto» d'une fausse écriture manuelle. L'orthographe de cette déclaration d'intention est approximative, mais ce n'est pas ce qui provoque mon étonnement ni l'agacement qui s'ensuit. Si l'affiche reflète un réjouissant changement d'opinion vis-à-vis de l'écriture, ce que je finis par y lire vient surtout alimenter plusieurs préjugés tenaces : «Je voudré être écrivin pck j'adore écrire, c une vré passion.» C'est une jeune femme qui s'exprime : elle est dessinée, lunettes de soleil, cheveux longs relevés, bouche tapageuse, entourée par des objets qui représentent ses centres d'intérêt : rouge à lèvres, Amélie Nothomb, iPhone, escarpins à talons hauts. Au dessus, une question : «Etes-vous sûre du métier que vous allez choisir ?» Provenant d'un magazine comme l'Etudiant, la parodie pourrait être efficace, amusante à condition de ne pas y réfléchir trop longtemps ; sinon son ambiguïté l'est beaucoup moins.
C’est le portrait d’une jeune femme, non d’un jeune homme. Détail ? Interrogeons-nous tout de même… Doit-on comprendre que le goût pour les accessoires féminins exclut d’emblée certains choix professionnels ? Qu’une «vraie fille» se trompe en souhaitant devenir écrivain ? Que celle qui écrit s’inspire d’une littérature aussi rose que sont roses les petits cœurs, les rouges à lèvres et les lunettes sur cette affiche ? Qu’elle aspire nécessairement à ressembler à une nouvelle Amélie Nothomb plutôt qu’à un Claude