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Comment décider face à la diversité des convictions ?

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Modérateur . Jean-Claude Devèze
par Dounia Bouzar, Anthro-pologue spécialiste du fait religieux et Edwin Hatton, Chef de projet des luttes contre les discri-minations à Grenoble
publié le 27 janvier 2012 à 0h00

Les différences ne doivent pas se transformer en frontières

Pour les signataires du Pacte civique, la société ne peut avancer que si les citoyens sont unis. Or, c'est le vivre ensemble qui fait lien, la «transpiration humaine». La cohésion nationale ne se décide pas par des grands discours mais par «l'agir humain partagé».

C’est pour cette raison que la grande erreur à éviter, pour un pays qui veut rester fort, c’est bien de segmenter ses citoyens, en accentuant la présomption d’altérité pour certaines catégories d’entre eux.

Aujourd'hui, certains discours politiques ont instrumentalisé l'islam pour diviser les Français. Ils ont persuadé l'opinion publique qu'il serait une religion particulière, qu'il y aurait «eux» et «nous».

Une vision du monde bipolaire s’étend. D’un côté, certains discours estiment que l’islam est par essence archaïque, incapable d’aucune évolution face à un Occident par essence moderne qui aurait tout inventé.

De l'autre côté, d'autres estiment que l'islam a tout inventé, face à un Occident qui aurait juste «copié sur le Coran». Islamistes et islamophobes adhèrent au postulat commun que l'islam est définitivement incompatible avec la laïcité, la modernité, l'égalité hommes-femmes, etc. Pour les démocrates, il s'agit donc de désamorcer cette vision qui monte les uns contre les autres pour faire l'économie des remises en questions politiques et sociales. Il n'y a pas d'égalité, liberté, fraternité, sans laïc