Loin de s’achever avec la sortie de récession en 2010, la grande crise de la mondialisation s’amplifie et mute. Sur le plan économique et social, elle provoque un chômage de masse qui touche 8,5% et 10,3% des actifs aux Etats-Unis et en Europe. Sur le plan financier, elle s’est déplacée vers les Etats du monde développé. Sur le plan politique, elle s’est installée au cœur des démocraties avec la poussée des populismes. Sur le plan géographique, elle s’est concentrée sur l’Europe qui cumule le déclin démographique, le surendettement public, l’affaiblissement de la croissance potentielle, la perte de compétitivité, la dégradation du secteur financier et la surévaluation de l’euro.
Si les marchés financiers ont joué un rôle majeur dans la formation de l’économie de bulles, la crise est aussi le produit des erreurs des démocraties depuis la chute de l’Union soviétique. Dans l’euphorie de leur prétendue victoire, elles ont distribué des dividendes de la paix fictifs. Elles se sont engagées dans un modèle de croissance à crédit insoutenable, servi par le laxisme monétaire. Elles ont construit des Etats-providence intenables au regard du vieillissement démographique et du ralentissement durable de l’activité. Dans le même temps, les inégalités se sont creusées, sapant la cohésion sociale et la citoyenneté.
En 2008, après la faillite de Lehman Brothers, les Etats sont intervenus pour éviter une dépression mondiale en sauvant les banques, en engageant un plan de relance et en limitant