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Fabriquons autrement

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Même si la mondialisation, c’est d’abord et principalement l’Europe, celle-ci peut s’adapter et se positionner différemment par une politique d’harmonisation sociale et fiscale.
par Jacques RIGAUDIAT, Economiste, Fondation Copernic
publié le 27 janvier 2012 à 0h00

Il est a priori quelque peu paradoxal de poser une telle question : «Peut-on encore produire en France ?», dans un pays qui, malgré tout, est accroché à sa 6e place dans la liste des pays les plus riches du monde. Mais on peut en comprendre le sens : les principaux secteurs, - mines, textile, sidérurgie… - sur lesquels notre industrie s'est édifiée et en constituait le cœur ont presque disparu, sans que rien ne vienne les remplacer.

A la perte de ce qui était force vitale fait donc écho l’hémorragie d’emplois : 2,5 millions (-43% !) ont disparu depuis l’acmé de 1974, le premier choc pétrolier ayant marqué le tournant. Dans la litanie des entreprises, - Continental, Fralib, Pétroplus, Photowatt… - brutalement fermées pour être d’une façon ou d’une autre délocalisées, comme dans les déficits extérieurs qui ne cessent de se succéder depuis 2002, jusqu’à atteindre le record de 75 milliards d’euros en 2011, il n’y a guère, il est vrai, de motif à trouver réconfort. Pourtant, par contraste, la situation de l’Allemagne, qui maintient ses parts de marché à l’export et accumule les excédents, apparaît florissante.

Qu’est-ce qui peut expliquer une telle divergence ? Il faut à cet égard d’abord faire justice de quelques lieux communs que l’on voudrait nous faire avaler. Non, les salariés français ne travaillent pas moins que les salariés allemands, c’est même l’inverse ; non, en dépit de la très faible progression des salaires en Allemagne, les coûts unitaires de production ne