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Interview

«L’ADN va révéler de plus en plus d’informations»

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La généticienne Catherine Bourgain donne l’alerte :
publié le 28 janvier 2012 à 0h00

Catherine Bourgain, généticienne à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), secrétaire de la fondation Sciences citoyennes, dénonce les dangers du Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg).

Pourquoi le fichage génétique vous inquiète-t-il ?

C’est quelque chose qui peut aller très loin dans la réduction des libertés individuelles. Il y a actuellement une tentation de définir de plus en plus les individus par leurs gènes. De dire à quelqu’un : tu as tel gène, donc tu vas sûrement développer telle maladie, donc tu dois te comporter comme cela. C’est nier l’importance de l’environnement et du libre arbitre de l’individu. Qui, en choisissant sa vie, détermine ce qu’il va devenir, quel physique et santé il aura, bien plus que ses gènes.

Mais la loi précise que l’ADN prélevé ne doit pas donner d’informations sur les individus…

A l'époque où la loi a été votée [en 1998, ndlr], on pensait en effet que les segments prélevés pour le Fnaeg étaient «neutres». Qu'ils permettaient de définir une empreinte génétique ne correspondant qu'à un seul individu, mais sans donner d'informations sur cet individu. C'était sans prévoir les progrès de la science. Au fil des découvertes, ces 16 à 18 segments prétendument neutres se sont mis à donner des informations sur des risques pathologiques (maladies rares) et sur l'origine géographique des personnes. En 2010, des chercheurs européens ont montré qu'en se servant uniquement des 17 marqueurs utilisés à travers le monde dans les enquêtes criminelles, on pouvait obtenir une indication assez précise sur l'origine d'un individu. Ils ont r