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Libération

Le cochon de la paix

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publié le 28 janvier 2012 à 0h00

Les bonnes âmes républicaines soutiennent que les musulmans de France refusent l’idée de progrès, qu’ils sont contre le temps linéaire des calendriers, qu’ils préfèrent les montres qui avancent vers le passé. La révolte de cette minorité contre la fatalité de l’avenir expliquerait son communautarisme, son machisme, son perpétuel exotisme et sa terrible cruauté envers les animaux. A leurs yeux, de la même manière que les musulmans prennent leurs femmes pour des moins que rien, qu’ils se servent des rues comme si elles étaient leurs mosquées, ils tuent les bêtes qu’ils mangent en de barbares abattages, sans les étourdir d’abord. Qui plus est, à cause de leur faible coût, certaines des viandes obtenues de cette vile façon se glisseraient subrepticement dans les assiettes républicaines en infectant la digestion nationale.

Les musulmans rendent ainsi les majorités innocentes - qui aiment et qui respectent tant les bêtes qu’elles mangent - complices de leur cruauté à leur insu. Or ces âmes toujours en veille, promptes à dénoncer la moindre injustice commise par ceux qu’ils tiennent pour des peuples exogènes, oublient les martyres quotidiens, constants et systématiques qu’endurent les animaux dans les élevages nationaux avant d’arriver dans nos assiettes. Elles tiennent pour négligeables les souffrances indicibles qu’on inflige des mois durant à ces bêtes pourvu qu’on les étourdisse pendant les quelques minutes que dure leur mise à mort. Et on imagine qu’elles n’hésitent pas à criti