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Libération
Récit

Derrière les barreaux, Mariani tire les ficelles

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Le truand corse est jugé à Marseille pour avoir dirigé, depuis sa cellule dans l’Indre, un réseau de racket qui subvenait grandement à ses besoins et à ceux de ses proches.
publié le 17 février 2012 à 0h00

Au moment de requérir, le procureur Marc Rivet semblait faussement embarrassé. Se disait «troublé» par ce «curieux procès». La sixième chambre du tribunal correctionnel de Marseille juge depuis lundi 10 personnes dans une affaire de racket organisé par Jacques Mariani (46 ans, dont près de vingt-cinq en prison), depuis sa cellule de la centrale de Saint-Maur (Indre).

A la barre, les rôles se confondent dans un «joyeux bordel», disait hier le procureur. Une sorte d'«absurde judiciaire», dans lequel certaines victimes, poursuivies pour «abus de biens sociaux», car elles détournaient de leur entreprise l'argent remis à Mariani, passent leur temps à défendre le racketteur présumé, à assurer qu'il n'y a pas d'extorsion de fonds. Qu'elles se sont laissé dépouiller par amitié.

Officiellement, Jacques Mariani gagne 500 euros par mois. Le salaire d'un atelier en centrale. Mais il en dépensait 600 en téléphone, et beaucoup plus en fringues de marque et nourriture. Les mandats tombaient chaque semaine, nourris entre autres des espèces détournées de boîtes de nuit et d'un restaurant. Les commerçants subvenaient aussi aux besoins d'une partie de ses proches. Un bijoutier laissait son épouse choisir ce qui lui plaisait. Dans une conversation téléphonique interceptée, il se plaint auprès de Jacques, en 2009 : «A chaque fois qu'elle vient, elle veut des trucs à 40 000.» Au procès, le commerçant rectifie : cela lui faisait plaisir et puis,