Menu
Libération

Mobilisation contre l’expulsion d’une slameuse russe

Article réservé aux abonnés
par François Carrel, Grenoble, de notre correspondant.
publié le 17 février 2012 à 0h00

«Ma vie est ici. Je n’ai aucun doute ni sur mon emploi, ni sur ma place en France. L’administration, en me refusant mon autorisation de travail, ne prend en compte ni mes compétences ni les besoins de mon employeur.» A 27 ans, la Russe Katia «Boutchou» Bouchoueva, brunette énergique, poète-slameuse, diplômée de linguistique et animatrice culturelle, est décidée à ne pas passer sous les fourches caudines de la circulaire Guéant du 31 mai 2011. Ce texte, toiletté en janvier, restreint pour les diplômés étrangers la possibilité de décrocher un emploi. Katia le dit clairement : elle vit de son amour pour la langue française et compte continuer.

Elle est venue de Moscou en 2002 étudier la linguistique à l'université Stendhal (Grenoble-III), jusqu'à décrocher un master 2 et démarrer une thèse. En parallèle, elle devient slameuse : scènes, participation à des albums et un premier recueil chez l'Harmattan. Elle s'investit dans des ateliers slam en milieu associatif et scolaire et travaille pour la Maison de la poésie Rhône-Alpes, association installée à Saint-Martin-d'Hères (Isère), où elle décroche en décembre une promesse de CDI à plein temps. Pour cela, elle doit échanger son titre de séjour étudiant contre un titre de salariée. Le 12 janvier, la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (Direccte) de Rhône-Alpes rejette sa «demande d'autorisation provisoire de travail», arguant de la «situation de l