En cet hiver-là, il y avait encore devant mes fenêtres une ferme de charpente déposée en tas. Les poinçons, entraits, arbalétriers, chevrons et autres pièces en chêne s’y dégradaient sans plainte. Tout un petit peuple de souris, campagnols, mulots, musaraignes, rats des champs, insectes, iules, scolopendres et larves y vivait sans trop de heurts. C’était jour lumineux, bleu de frais au ciel, blanc de givre au sol et, d’un coup d’un seul, parmi les pièces défaites, une apparition d’une blancheur de fée s’extirpa d’entre deux contre-fiches tel un serpent des broussailles.
Dans son peignoir blanc, elle se dressa sur ses pattes arrière, fine, le museau luisant et croustillant, on aurait dit un point d'exclamation sorti d'un champ de coton. Je ne savais pas si j'avais à faire à une belette ou une hermine, mais le bout de sa queue, noir comme si elle l'avait trempé dans un encrier, m'indiqua qu'elle était bien du genre Mustela erminea que les Allemands dénomment das Hermelin ou Grosses Wiesel, tandis que les Italiens se contentent d'un charmant Armellino.
Elle était d’une beauté à couper le souffle, l’œil pétulant et comme trempé dans l’huile noire avec laquelle Michel Bras poche ses queues de lotte, son manteau de fourrure bien ajusté depuis sa truffe, léger comme duvet, chaud comme marmotte cuite depuis la panse à la façon mongole, toute en sinueuses vagues, svelte, le minois à croquer, un air d’Audrey Hepburn en fourrure.
Cependant, les spécial