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TRIBUNE

Autisme : la psychanalyse (enfin) contrainte à évoluer

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par Serge Tisseron, Psychiatre et psychanalyste
publié le 22 février 2012 à 0h00

Comment en est-on arrivé là ? Comment les psychanalystes qui tenaient pratiquement tous les postes de pouvoir à l’université et dans les services de psychiatrie il y a encore une dizaine d’années en sont-ils arrivés à être écartés de la prise en charge de l’autisme par la Haute Autorité de santé (HAS) ? La réponse qui consiste à dire qu’il y aurait de «bons» et de «mauvais» psychanalystes, et que les parents d’enfants autistes seraient tombés sur les seconds, ferait sourire si elle n’était pas un moyen de tenter de cacher l’ampleur de la crise. Le problème est que la psychanalyse a été plombée dès l’origine par deux handicaps que les sociétés de psychanalyse, trop soucieuses de la fidélité au maître, n’ont pas su faire évoluer, en condamnant même à la marginalité ceux de leurs membres qui auraient pu le faire.

Quels sont ces deux handicaps ? Le premier est lié au fait que le terme de «psychanalyse» a été très tôt marqué par une ambiguïté. Freud en était conscient lorsqu'il écrivait : «Ayant désigné à l'origine un procédé thérapeutique spécifique, il est aussi devenu actuellement le nom d'une science, celle du psychisme inconscient.» Cela n'est pas spécifique au psychanalyste : l'ingénieur en travaux publics avec la mécanique des sols et le médecin avec les sciences médicales sont dans la même situation. Mais, dans tous les domaines qui combinent une science et une technique, la science est ouverte sur les autres disciplines scientifiques et tente d'en intégrer les dé