Nicolas Sarkozy s'est rendu tôt hier au marché de Rungis pour tenter, dès 6 h 20, de désamorcer la «polémique» sur la viande halal qui inonderait le marché d'Ile-de-France, selon Marine Le Pen. «C'est une polémique qui n'a pas lieu d'être, a-t-il affirmé. 200 000 tonnes de viande sont consommées chaque année en Ile-de-France. 2,5% sont de la viande casher et halal.»
Pour Libération, Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue (1), fait le point.
La France se met-elle en infraction avec la législation européenne en ne pratiquant pas l’étourdissement des animaux avant abattage halal ?
L’abattage halal bénéficie d’une dérogation. Mais selon la réglementation, les abatteurs doivent être formés, des moyens de contention mis en place, et un temps minimum respecté entre le moment où l’on saigne l’animal et celui où on le découpe. Ces précautions ne sont pas toujours respectées. Avec la concurrence internationale, certains abattoirs ont tendance à faire des économies sur le bien-être animal et l’hygiène.
Dans d’autres pays, les responsables musulmans acceptent l’étourdissement…
Les musulmans exigent que l’animal soit abattu vivant. D’où le rejet des méthodes d’étourdissement létales. Mais des méthodes légères, qui ne tuent pas, sont utilisées en Allemagne, au Royaume-Uni, en Espagne et chez de gros exportateurs de carcasses halal.
Pourquoi pas en France ?
C'était la position majoritaire des autorités islamiques jusqu'aux années 90, mais on observe une radicalisation des positions. Certains groupes musulmans font de la publicité sur le rituel sans étourdissement, et stigmatisent le caractère barbare de l'«assommage», comme ils disent.
Une directive sur l’étiquetage des denrées alimentaires a été votée en juin 2010 par le Parlement européen. Mais un amendement préconisant d’inscrire «viande provenant d’animaux abattus sans étourdissement» a été supprimé. Sous pression de la France, comme dit Le Pen ?
Un des rédacteurs du règlement me l’a confirmé, mais il