Terrains de campagne: tous les vendredis, un instantané de la France à la veille de la présidentielle
Il y a cette diplômée de Sciences-Po Paris et titulaire d'un master 2 d'école de commerce qui parle, devant ses ordinateurs, de «distorsion de concurrence» et de «maîtrise des outils de gestion des risques». Il y a aussi cette femme de 29 ans à la manœuvre sur un énorme engin parcourant ses 140 hectares de céréales. C'est la même. Céline Imart a travaillé dans le groupe Bolloré puis dans l'un des plus gros cabinets d'expertise et conseils de la capitale avant de reprendre l'exploitation familiale en 2009 à Aguts, 222 habitants, dans le Tarn. «Le statut de salariée, je savais que ce n'était pas fait pour moi.» Elle sourit, elle est radieuse.
Nicolas se crotte les chaussures en traversant sa cour de ferme transformée en champ de boue. «C'est les génisses qui ont fait ça. Elles se sont échappées l'autre nuit, elles ont tout labouré.» Elles se sont aussi frottées contre l'olivier, qui n'y survivra peut-être pas. Ce n'est pas si grave. Ce n'est pas sur ces olives-là que cet homme de 34 ans compte pour les apéros qu'il organise chez lui, à quelques kilomètres de là dans un lotissement pavillonnaire de Saint-Germain-des-Prés, 851 habitants.
Ses voisins sont gendarme, antenniste, cadre bancaire. S'il est revenu d'un bac littéraire et d'un Deug d'anglais vers l'exploitation familiale, ce n'était pas, dit-il, «pour vivre isolé à la ferme». Nicolas ne part «au boulot» qu'entre 8 heures et 8 h 30 - «Je veux prendre le temps de déje