L’article de Mesdames Bajos, Ferrand, Meyer, Moreau, et Warszawski (1) à propos de notre ouvrage nous impose réponses et commentaires. Bien que leurs compétences épidémiologiques soient unanimement reconnues, leur position idéologique ne repose hélas que sur l’étude des chiffres et des statistiques, alors que nous recevons des femmes tout au long de leur vie et que nous les écoutons. Notre position, radicalement différente de la leur, repose donc sur notre large et ancienne pratique clinique.
Défenseurs dès la première heure de l’accès à l’interruption volontaire de grossesse et de la qualité de sa réalisation dans les hôpitaux (2), nous ne pouvons pas laisser dire que les femmes qui y ont recours ne sont pas marquées, d’une façon ou d’une autre, par cette expérience. Nous voyons chaque jour dans nos consultations des femmes qui nous disent leur souffrance psychologique et leur mal-être parfois de nombreuses années après, alors qu’elles auraient pu «cocher» lors d’un sondage que «tout allait bien». La souffrance ne se coche pas, elle se parle ! Sauf à ne considérer les femmes que dans le registre physique, sauf à omettre leur vie psychique, on ne peut pas écrire que l’accouchement présente un plus grand risque que l’IVG.
Cette posture, qui date de la médicalisation de l'IVG en France, revient à dire que l'avortement n'a aucune conséquence dans la vie d'une femme. Certes elles ne meurent plus ; certes les cases à cocher ne montrent plus de complications, mais tous les clinicien