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Libération

Fatalisme à l’école Beth-Hanna

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Rue Petit à Paris, où se trouve un important groupe scolaire privé juif, la communauté dénonçait hier un climat d’agression permanent.
publié le 20 mars 2012 à 0h00

Les premiers qui sortent ne sont pas au courant. «C'est qui eux ? Ils tournent un film ou quoi?» demande une adolescente à l'adresse des journalistes venus recueillir les réactions à la tuerie de Toulouse. «Ne me dérangez pas, je suis occupé», tranche un homme, parent d'élève, barbe et chapeau noir, l'œil rivé à son portable. Il y lit la prière du matin. Devant l'imposant immeuble gris de l'école privée juive Beth-Hanna, rue Petit à Paris (XIXe arrondissement), le désir de parler l'emporte, malgré tout, hier matin. Il est 10 h 15.

«Priez pour eux.» Voilà le mot d'ordre répété à l'envi par les adultes qui sortent de l'établissement où une bar-mitzva vient d'être célébrée. «Il n'y a rien d'autre à faire. Et attendre que la justice fasse son travail», explique un responsable, plutôt avare de mots. Jordan, 15 ans, a été prévenu, pendant son cours de religion, via un SMS. Il le montre : «Demandes de prières pour les gens tués et blessés. Enfants de 3 et 4 ans.» Effet de l'éloignement ? Nouveauté de l'information ? Les adolescents rassemblés devant la cour réagissent avec une certaine distance à la tuerie de Toulouse.

«Rentrer vite». Leur quotidien, affirment-ils, est fait d'insultes et d'agressions. La mère de Charles, 17 ans, l'a dissuadé de porter la kippa. Il garde donc sa casquette vissée sur la tête. Charles raconte qu'il s'est fait mettre, il y a peu, un couteau sous la gorge pour son portable. Qui étaie