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Libération
Reportage

«Poursuivre des enfants, les abattre...»

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L'affaire Merahdossier
Après avoir exécuté trois militaires la semaine dernière, le tueur a attaqué hier une école juive de Toulouse, faisant quatre morts.
publié le 20 mars 2012 à 0h00

Hier matin, 7 h 50. Il fait beau dans la rue Jules-Dalou, à dix minutes du centre de Toulouse. Le quartier résidentiel est calme, comme toujours, peuplé de retraités et de familles. Les 200 élèves du collège-lycée Ozar-Hatorah patientent à l’entrée de l’établissement, près d’un portail vert coiffé par trois caméras, et dans la cour bordée de bâtiments de briques rouges d’allure méditerranéenne.

Baroukh, qui habite dans une petite maison blanche au 38 de la rue, salue depuis sa fenêtre Jonathan, un parent d’élèves de 30 ans, enseignant en religion. Jonathan lui rend son sourire, comme tous les matins. Des parents bavardent au milieu des élèves. Il y a aussi de jeunes enfants, petits frères et sœurs des collégiens et lycéens. Tout est tranquille. Puis l’horreur en une poignée de secondes. Un homme descend de son scooter de grosse cylindrée, garde son casque, franchit le portail, sort un 9 millimètres, et abat à bout portant Jonathan, ses deux fils de 3 et 6 ans. Stupeur dans la cour, hurlements, courses désordonnées.

Dans la tête. Glaçant de sang-froid face à cette panique, le tueur s'avance en tirant sur les enfants et les adultes. Il blesse grièvement un garçon de 17 ans. Des cris envahissent la cour : «On nous tire dessus!» Le pistolet automatique s'enraye. Le tireur replace, toujours calmement, son arme dans sa ceinture, attrape une fillette qui traversait la cour à toutes jambes. Elle s'appelle Myriam, elle a 7 ans ; c'est la fille du directeur. Le