Bien sûr, on ne sait encore presque rien de lui. Les plus grandes précautions doivent rester de mise. Pourtant, un élément devrait déjà nous frapper dans le portrait que l’on commence à dresser de Mohamed Mera. Le principal suspect des tueries de Toulouse et Montauban, âgé de 23 ans, a grandi dans les «banlieues» de la Ville Rose, entre les Izards et Bellefontaine, l’une des cités du Mirail, qui s’était embrasée pendant les émeutes de 2005. Beaucoup refuseront d’aborder la folie meurtrière de ce garçon sous cet angle, par crainte de stigmatiser ce que l’on appelle administrativement les «Zones urbaines sensibles» (ZUS) ou d’excuser des actes impardonnables. C’est une erreur. Ne pas affronter cet aspect des choses revient à nier une réalité pourtant pointée par tous les connaisseurs des banlieues : le développement chez certains d’un ressentiment contre leur propre pays.
Une question va inévitablement surgir dans les jours à venir : comment un jeune Français, né en Haute-Garonne, dans un pays libre et riche, peut-il verser dans l'islamisme alors qu'il a la vie devant lui ? Cette question, le réalisateur Philippe Faucon se l'est posée dans son film récent, La Désintégration. Comme une prophétie des événements actuels, le long-métrage raconte l'histoire de trois jeunes hommes à la dérive dans une cité lilloise. On suit en particulier la trajectoire d'Ali (Rashid Debbouze), qui, faute de parvenir à ce qui fait le quotidien d'un individu intégré à la société (un emploi, u