Pour la France, la mondialisation est «comme une blessure à la tête». Plus que d’autres, elle peine à habiter le monde contemporain, à s’y sentir à l’aise, à en tirer partie. Hantée par sa culture monarchique, elle saigne de l’affaiblissement du pouvoir vertical : la globalisation, la finance, la grande entreprise, la construction européenne ou encore le lobbying à grande échelle ont obscurci et compliqué à la fois l’exercice du pouvoir politique dans l’Etat-nation. Cette déstabilisation frappe avec la même violence les contre-pouvoirs traditionnels, au premier rang desquels ces fameux corps intermédiaires dangereusement stigmatisés par Nicolas Sarkozy. Indispensables à la vitalité de nos démocraties, tous ont perdu de leur influence : les syndicats, les associations, les élus et les médias souffrent de l’effritement du collectif. Mais il ne faut pas s’y tromper : une mutation profonde est à l’œuvre, inscrite dans la longue durée. Commencent ainsi à émerger de nouveaux contre-pouvoirs dont il faut commencer à prendre la mesure. Ils s’engouffrent - certes encore de manière chaotique, brouillonne et tumultueuse - dans les réseaux sociaux ; ils s’inventent dans de nouvelles communautés à géométrie variable ; ils s’incarnent dans des mouvements sociaux de nature inédite, au travers des Indignés par exemple ; ils surgissent dans des élans démocratiques, là où nul ne semblait plus les attendre, comme dans le monde arabe. Dans un effet de balancement, ces bouillonnements démocratiq
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