Comme en toute situation de crise, aujourd’hui aussi l’Europe se trouve dans la nécessité de repenser ses motivations de base, ses inspirations originaires pour décider quoi faire. Et il devient de plus en plus évident que l’on ne peut plus (si jamais cela a été possible) être «européiste» sans aucune autre qualification. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les pères fondateurs de l’Union européenne (UE) ont vu que les problèmes de la paix et de la prospérité économique sur le continent pouvaient trouver une solution seulement par la constitution d’une union fédérale.
Pendant longtemps, l’idée de réaliser «plus d’Europe» a été l’idéal politique directif de plusieurs grands hommes politiques qui s’y sont engagés sérieusement. L’exigence même de ne pas se soumettre totalement à la force impériale des Etats-Unis soulignait l’urgence de créer un sujet politique plus fort que les Etats-nations traditionnels : il s’agissait d’une indépendance non seulement politico-militaire mais aussi de plus en plus commerciale et économique. Il nous a paru, pendant longtemps, que l’Europe unie pouvait être l’idéal politique à poursuivre. Mais au cours des années, et surtout, je crois, en conséquence de la crise plus récente, il est devenu évident que cet idéal n’est pas suffisant ; on pourrait résumer la question ainsi : «Une Europe unie pour servir à quoi ?».
Si nous avons évité les guerres intracontinentales, et surtout réduit au silence la rivalité traditionnelle entre la France et l'Allem