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TRIBUNE

Etats et entreprises sous surveillance

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Débat Les politiques, sous surveillance des agences de notation ? Modérateur : VITTORIO DE FILIPPIS vendredI (18 h 30-20 h 00)
par Jean-Michel Six, Chef économiste Europe de Standard & Poor’s
publié le 30 mars 2012 à 0h00

Rappelons d’abord comment fonctionne le marché obligataire. Ce dernier joue un rôle considérable dans le financement de nos économies. En recyclant l’épargne mondiale, qui provient de façon croissante des pays émergents, il permet à tous les secteurs - banques, collectivités locales, assurances, Etats, grandes entreprises - de financer leurs investissements.

En zone euro, le marché obligataire est quatre fois plus grand que celui des actions. Mais les entreprises y ont moins recours que leurs consœurs américaines : 30% de leur endettement est obligataire, contre 80% outre-Atlantique. Cet écart est toutefois appelé à se réduire du fait de l’entrée en vigueur progressive de réglementations plus restrictives sur le crédit bancaire (Bâle III) et l’on observe une augmentation continue des entreprises primo émettrices sur le marché européen.

A partir du moment où un Etat emprunte sur ce marché, il se met en concurrence avec les autres émetteurs : les autres Etats d’abord, mais aussi les entreprises, y compris de son propre pays. Le rôle d’une agence de notation est d’estimer le risque relatif de défaut (non-remboursement) que présente chaque émetteur d’obligations. Nous le faisons en utilisant des méthodologies propres à chaque secteur (et parfaitement publiques). Dans le cas des Etats, nos évaluations se fondent sur des critères précis, notamment la compétitivité de l’économie, le PIB par habitant et les perspectives de croissance, la démographie, ou le niveau d’endettement public.