Les grandes écoles, auxquelles on accède par le moyen le plus transparent qui soit (concours), n’ont pas toujours été une machine à reproduction sociale. Selon les statisticiens, elles le sont devenues. Environ 29% des élèves de nos quatre plus grandes écoles (Polytechnique, ENA…) étaient d’origine populaire au début des années 50. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 9%, voire 5% si l’on prend en compte l’ensemble du système des grandes écoles.
Elles sont le symbole le plus flagrant de la consanguinité et de la fossilisation des élites, donc de la crise profonde de notre république. Cette crise est d’autant plus forte que toute notre république repose sur l’idéal scolaire, voie privilégiée d’ascension sociale. La raison ? Par lâcheté collective et démagogie, nous avons décidé depuis vingt-cinq ans qu’il fallait alléger les programmes, développer un enseignement propice au plaisir de l’enfant, remettre en cause l’autorité des professeurs. Résultat : la France a sombré dans la médiocrité scolaire, comme le prouvent les enquêtes Pisa. Les diplômes s’en sont trouvés dévalorisés.
Pour remédier à cela, l’idée qui gagne du terrain (à gauche) consiste à demander la prise en charge des classes préparatoires par les universités. Autant proposer la suppression de la seule chose qui tient à peu près debout ! D’autres suggèrent d’exfiltrer quelques jeunes défavorisés par le biais de mesures de discrimination positive (quotas de boursiers, conventions ZEP), forme la plus exacerbée du paternal