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Libération
TRIBUNE

Il faut rire de tout, ou presque…

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Débat L’écrivain peut-il changer la société ? Modérateur : SYLVAIN BOURMEAU vendredi (14 H 30-16 h 00)
publié le 30 mars 2012 à 0h00

C’était mars : le printemps se profilait. Avec son habituel cortège d’inquiétudes cachées par les bourgeons. Nous parlions de nos vies, du sentiment d’impuissance que génère un monde trop bruyant, trop violent, trop venteux. Où tout geste est déjà balayé par le suivant.

Nous sommes entrées dans un café charbons, rue Buffon.

Et là, prise de folie, probablement, je me suis mise à déclamer devant mon amie Aka au beau nom d’oie sauvage et de fusil d’assaut :

«Les poètes ont le devoir de se planter au coin de la rue et de distribuer des tracts superbement écrits / Le poète a le devoir de sa paresse / Le poète a le devoir d’entrer et sortir de sa tour d’ivoire / De sexe masculin, le poète a le devoir d’être une femme / De sexe féminin, elle a le devoir d’être une femme / Le poète a le devoir de dire la vérité au pouvoir, selon le précepte des quakers / Le poète a le devoir d’apprendre la vérité auprès des sans-pouvoirs / Le poète a le devoir de répéter inlassablement il n’y a pas de liberté sans justice, il n’y a pas de liberté sans peur ni sans courage, il n’y a pas de liberté si l’on ne préserve pas l’eau, la terre, l’air et aussi les enfants / La poète a le devoir d’être femme, de tenir le monde à l’œil, et d’être entendue.»

- Qui a écrit cela ? A demandé l’un des deux hommes tranquilles que j’avais aperçus au comptoir. C’est très consolant, je trouve. Tout le contraire de notre sale petit monde rabougri. Le début est un peu moins bien, mais ensuite, quelle flamme.

J'ai souri. J'ado